Choisir c’est renoncer !?

 Cette affirmation d’André Gide a fait couler beaucoup d’encre et encore aujourd’hui elle nourrit les débats et réflexions. Elle a aussi enrichi le socle de nos connaissances philosophiques et sans doute chez chacun d’entre nous, à un moment précis de notre vie, pesé par sa portée qui notamment laisse supposer qu’il existe un déchirement entre le choix opéré et celui qui aurait pu l’être.

À chaque instant, à chaque occasion qui le mérite, vous comme moi prenons des décisions. Nous choisissons et, en le faisant, parfois renonçons-nous à une alternative qui eût pu être meilleure. Mais seul l’avenir pourra, en effet, nous en apporter la démonstration.

Pourquoi choisir ?

«Choisir, c’est renoncer» oui, mais si on ne renonce à rien, on ne préfère rien, on ne fait rien, et finalement on n’est rien. S’engager et choisir, c’est se créer, c’est se libérer, nos choix nous créent et nous libèrent.

La parole qui est donnée et tenue, est le socle indispensable pour se construire dans la vie publique comme dans la vie privée. Ce n’est pas une contrainte imposée de l’extérieur, c’est une structure que l’on a choisie, qu’on se donne, une ligne de conduite.

Est-ce le choix qui est difficile ou le renoncement ?

Je ne sais pas vous, mais moi, il m’arrive des moments où je n’arrive pas à me décider. Certains diront que c’est parce que je suis astrologiquement parlant une Balance, moi je pense surtout que c’est juste parce que j’ai du mal à renoncer.

Des fois, le choix se fait de lui-même sans que cela ne me retourne le cerveau plus que ça, parce que c’est tellement évident que je ne réfléchis même pas. Mais de rares fois, je dois choisir entre deux options dont aucune ne me plaît. Et là forcément, c’est la catastrophe.

Ce sont souvent des choix à enjeu majeur, sinon ce n’est pas drôle. Je vous parle de choix de vie, dont on sait qu’ils augurent une nouvelle direction pour nous. Et quand je n’ai pas d’autre choix que de choisir (ne pas choisir est un choix, une 3e possibilité merdique en perspective, alors j’enlève cette option), et bien je ne sais absolument pas quoi faire.

En général, il s’agit d’une dichotomie simple « raison/sentiment », où j’ai le choix entre souffrir le cœur léger ou être malheureux l’esprit serein. Super, encore que des fois, j’arrive encore à faire un choix, parce que des éléments extérieurs me font prendre conscience du moindre mal à choisir telle option plutôt qu’une autre.

Mais là je suis face à un renoncement à faire, et je suis totalement incapable de faire un choix. Je dois choisir entre deux choses essentielles dans ma vie. Expliquez-moi comment je suis censé faire ce putain de choix, alors que j’ai déjà du mal à choisir ma chemise le matin ??

Bref, choisir c’est renoncer, mais putain que c’est dur.

Choisir n’est donc pas une mince affaire, puisqu’il s’agit de notre capacité de renoncement, de nous résoudre à la perte.

Mais choisir, c’est aussi faire confiance à notre subjectivité et, par conséquent, à l’image que l’on se fait de soi, c’est-à-dire d’avoir construit suffisamment de sécurité intérieure pour créer une réalité où l’on puisse se déplacer au gré de nos nécessités, et si possible en connaissance de cause.

Selon Spinoza, c’est ainsi que nous accédons à « la joie », en mettant en œuvre celles de nos passions qui nous grandissent. Ainsi, lorsque je suis au restaurant, avec mes kilos superflus, et que s’offre à moi de choisir entre des frites et des haricots verts pour accompagner mon plat, je n’accèderais à la joie spinoziste qu’en ayant vaincu mon désir de frites, en connaissance de cause et joyeux d’avoir rejoint à mes nécessités. Mais bon, c’est triste les haricots verts, le soir, au restaurant … c’est pour cela que je choisis les frites !!

Il n’en reste pas moins que nous avons tous éprouvé certains de nos choix comme n’étant pas toujours les plus judicieux. Si l’on ajoute à ça la faculté de nous créer des problèmes dont les fondements sont parfois assez obscurs, nous voyons que nous sommes constitués en tant que sujet par de la subjectivité mise en acte au travers de cet impératif de choisir pour avancer, c’est-à-dire d’analyser, puis de synthétiser, et même de créer différentes options pour parvenir à la résolution de nos désirs. Et là, déchirement, lorsque nos choix laissent une part de notre désir sur le bas-côté.

Mon point de vue sur « choisir c’est renoncer » !

Choisir, c’est renoncer, mais renoncer n’est pas choisir. Quand on choisit, on décide entre une chose et d’autres. On renonce à ce qui n’est pas choisi et parfois, on peut choisir sans renoncer à toute autre chose, on choisit plusieurs choses, mais on est toujours obligé de faire un choix et c’est très bien.

Croire qu’on peut tout avoir est se tromper lourdement, le choix est salutaire, le savoir est déjà moins se tromper, le choix est bon, même quand on pense s’être trompé, rien que par le fait qu’on est pu faire un choix, mais on ne peut pas toujours choisir, hélas…

En choisissant plusieurs choses, on renonce au temps consacré à chaque chose, il faut faire ce choix et d’autres, le choix de vivre ou pas …

Aujourd’hui, on renonce parfois trop sans même choisir, ou en choisissant entre le pire et le moins pire.La société accélère tout pour nous faire aller au plus pressé vers ce qu’elle nous présente comme le plus simple, évident. Pas le temps, ça va vite, le monde est en train de nous filer entre les doigts et si l’on ne fonce pas tête baissée vers ou les autres vont, on ne sera bientôt plus qu’un passé, un dépassé, un marginalisé que l’on ne considérera plus tant il sera loin du commun en avance.

Il faut prendre le temps de s’arrêter, flâner, réfléchir pour faire nos choix en toute connaissance de cause, en meilleure connaissance de cause, la vitesse n’explique souvent pas grand-chose, les objectifs, l’efficacité, la productivité, l’utilitarisme nous enlèvent nos marges de manœuvre pour faire nos choix, on choisit alors en grande partie pour nous.

Choisir, c’est renoncer et choisir trop vite, c’est renoncer à ses propres choix, alors flânons, nous verrons mieux ou nous voulons vraiment aller.

D’autres vous diront que, « choisir, bien plus que renoncer, c’est perdre ».Et encore d’autre vous diront, «choisir ce n’est pas renoncer, c’est préférer ». Après à vous de vous faire votre propre opinion !!

11 réponses à “Choisir c’est renoncer !?”

  1. Laura dit :

    « Mais de rares fois, je dois choisir entre deux options dont aucune ne me plaît. Et là forcément, c’est la catastrophe. »

    Moi je me retrouve souvent à devoir choisir entre deux options qui me plaisent beaucoup toutes les deux. Et là, c’est encore plus la catastrophe.
    Si tu aimes lire je te conseille Greg Egan, Océanique, ses nouvelles sur cette thématique du choix sont édifiantes et ont fait évoluer ma vision de la vie.

    Mes amitiés de Balance,

  2. Yann Bonnin dit :

    Bonjour
    Je découvre ce site en passant par cet article. À la recherche de l’auteur de cette citation. L’analyse est pertinente, et le choix des mots agréables. Adepte du : « Faisons l’humour, pas la guerre ! »

    Comme quoi, choisir de parler de choses sérieuses peut se faire en renonçant au gonflage de melon ou de chevilles. C’est au choix…

    Je choisi donc d’y revenir prochainement pour y lire d’autres articles, ayant pris soin de vérifier les intentions (mentions légales) concernant l’auteur du site, et qui me paraissent tout à fait honnêtes. Bien souvent, je dois renoncer pour m’éloigner des bonimenteurs et affabulateurs qui sévissent sur le net.

    A+

    YB

  3. letotojournal dit :

    Bonjour, merci pour votre commentaire qui me va droit au cœur !

  4. Frédéric dit :

    Le choix est d’une simplicité enfantine !
    En effet, le renoncement disparait totalement si nous choisissons VRAIMENT. Choisir VRAIMENT, c’est s’engager dans un choix comme si sa vie en dépendait. Alors, il n’y a plus de renoncement, puisque la voie dans laquelle on est engagé est choisie. Le renoncement n’existe qu’avant le VRAI choix. On sait qu’en choisissant, on choisira ceci, et pas cela. Mais on a pas encore choisi. On est au stade d’envisager de choisir. Après le choix, le VRAI choix, le renoncement devient une construction mentale, une espèce de mélancolie du choix que l’on aurait pu faire (comme c’est dit dans une des réponses). Mais si on a VRAIMENT choisi, le renoncement n’est plus. Il n’existe plus. Il s’est dissout de lui-même, dans le choix. Ce qui est difficile, donc, ce n’est pas de renoncer. C’est de choisir VRAIMENT, PLEINEMENT., ENTIEREMENT. De vivre pleinement son choix. Le renoncement, c’est avoir toujours dans sa tête l’idée que l’on pourra toujours revenir un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, sur son choix. En fait, on est en train de douter de son choix (de ne pas avoir choisi VRAIMENT, donc), ce qui active les autres choix, auxquels on doit alors renoncer. « Choisir, c’est renoncer » est donc, pour moi, une immense erreur, qui entraine les gens à ne pas vivre vraiment et pleinement leur propre vie.

  5. Cha dit :

    J aime beaucoup cette idée que quand le choix est réellement pensé il n y a plus renoncement et donc plus de souffrance…

  6. Hughes dit :

    Intéressant et agréable à lire.
    Juste un point : si vous pouviez corriger l’horrible faute dans le passage « rien que par le fait qu’on est pu faire un choix », ça me ferait vraiment plaisir. Conjuguer pouvoir avec l’auxiliaire être, j’ai les yeux qui saignent… : -)

  7. Fanie Fayar dit :

    Bonjour
    j’affirme que choisir c’est renoncer, car lorsque que par exemple je vie avec quelqu’un et qu’il ne m’intéresse plus, je trouve mieux ailleurs sans rien dire automatiquement je renonce parce que j’ai chois (préféré) l’autre. par ailleurs lorsque je prie on me dit que pour devenir enfant de Dieu je dois accepter Jésus Christ comme Seigneur et sauveur. Ça veut dire que je dois renoncer au mal. autrement dit, renoncer au diable pour suivre Jésus; j’ai donc choisi Christ et renoncer au diable. Donc choir c’est renoncer!!!

  8. kvityxa dit :

    ut choix implique un jugement de valeur entre ce qui nous est plus ou moins bon, plus ou moins necessaire, du moins en apparence, parce que nous avons tous eprouve certains de nos choix comme n’etant pas toujours les plus judicieux. Si l’on ajoute a ca la faculte de nous creer des problemes dont les fondements sont parfois assez obscurs, nous voyons que nous sommes constitues en tant que sujet par de la subjectivite mise en acte au travers de cet imperatif de choisir pour avancer, c’est a dire d’analyser, puis de synthetiser, et meme de creer differentes options pour parvenir a la resolution de nos desirs. Et la, dechirement, lorsque nos choix produisent des restes viables auxquels il nous faut renoncer, comme de laisser une part de notre desir sur le bas-cote, subjectivement. En somme, seule l’evidence, le non choix, est sensee nous proteger de ce que l’on pourrait entendre comme une sorte de renoncement de soi, laissant alors notre subjectivite travailler en sous-main, hors conscience, car parler de choix suppose evidement une decision, c’est a dire en conscience.

  9. Stéphane dit :

    Choisir c’est renoncer… Avoir le choix c’est douter.. Mais quand il y un doute, il n’y a pas de doute donc il n’y a pas de choix, ce qui revient à ne renoncer à rien.

  10. Veronique dit :

    Oui pas facile de choisir sans se tromper mais parfois faut prendre des risques pour avancer et si c est aussi pour être plus heureux

  11. Sophie Besson dit :

    Ah ce maudit égo parasiteur de choix, propre à l’indécision et la peur de passer à côté d’une meilleure opportunité plutôt qu’une autre. Ça fait partie de l’apprentis-sage, à force de se perdre des rateaux par mauvais choix, le métier de jardinier intérieur finit par rentrer. On fait des choix en permanence, sans effort d’instinct comme respirer, dormir, boire, se vêtir… Survie de base ! Écouter sa petite voix intérieure qu’on appelle l’intuition ça demande une confiance en soi à toute épreuve, encore est il nécessaire de calmer le parasitage mental hérité de nos parents et des conditionnements acquis à raison ou à tord de la société. Quand on a subi des traumas dans la petite enfance, dont on a pas conscience ça conditionne nos prises de position et la perte d’intuition spontanée. Ce qui complique et pourrit grandement la vie parce qu’on va vers le plus facile, le plus rapide et le plus sécurisant de prime abord avec ce qu’on connait mais rarement sortir de la zone de confort et expérimenter l’inconnu flippant pour l’égo en mode garde du corps sécure du haut de sa tour de contrôle dans la caboche. Le libre arbitre est son grand copain et vient aussi mettre son véto, bref des imposteurs en puissance. Alors la notion de choix c’est quoi ? Se croire seul aux commandes ou se laisser guider par plus haut que soi ? L’introspection et la révision du système de ce pilotage automatique défectueux et le reconnaître permet de guérir et d’y voir très clair et plus se torturer le cerveau avec la branlette à 2 balles. Chacun est maître de son véhicule terrestre qui est son corps matériel qui se meut grâce à une énergie créatrice vibratoire reliée à l’Univers. Happy day ✨

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